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le devoir de prendre à cœur la chose publique, ils doivent donner tout ce qui est en eux pour la grandeur de leur pays et le bien de leurs compatriotes, ils savent dès leur jeunesse que l’individu ne compte pour rien : l’unité c’est la famille, le village et le pays.

J’ai trouvé un livre heureusement traduit[1] et pas trop adapté qui donne une idée intéressante de ce dévouement obligatoire des Japonais à leurs concitoyens et à leur pays. Et des Japonais modernes m’ont dit que c’était une des choses les plus typiques que l’on pût trouver, de celles qui émeuvent toujours leurs compatriotes et « leur tirent des larmes ». C’est la vie d’un paysan patriote nommé Sogoro, dont on a fait un dieu, qui a son temple toujours entretenu et fréquenté, et dont je vais relever succinctement les vertus et les malheurs en manière d’illustration de la morale japonaise.

Ce Sogoro, riche paysan, chef de son village, est représenté comme uniquement préoccupé dès son enfance du bien de ses concitoyens : il apaise les querelles, il démêle les affaires embrouillées, il soutient les opprimés, enfin il met au service de tous une intelligence remarquable et un grand courage moral. Marié, père de famille, nous le voyons essayer par

  1. G. Braithwaite : Life of Sogoro.