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verse tout et ne soulève pas un murmure. Les décrets officiels ont au Japon une puissance qu’on ne peut presque pas croire. Ce pays a été fermé soudain à tous les étrangers par décret, et il est resté fermé deux cents ans. Il a été rouvert par décret et on s’est jeté avidement sur toutes les importations étrangères. Le Japon était avant tout féodal et militaire, par décret on a aboli la féodalité et la caste militaire, et ces hommes qui avaient deux sabres les ont vendus aux brocanteurs sans répliquer ; ces soldats qui ne savaient que leur métier sont morts de faim sans murmure ou se sont mis à gratter gauchement la terre. On a décrété qu’il fallait apprendre toutes les sciences européennes : la jeunesse docile s’est ruée au travail avec une ardeur telle que beaucoup en sont morts et d’autres devenus idiots ; ceux qui étaient trop vieux pour aller à l’école, faisaient des sacrifices pécuniaires incroyables pour payer l’éducation des jeunes gens. On a voulu avoir une armée sur le modèle occidental et une marine puissante et moderne : nous venons de voir si on y a réussi. Mais là, la volonté impériale — la nécessité vitale, dit-on — était bien d’accord avec le tempérament Japonais essentiellement militaire. On a ordonné de porter le gênant et disgracieux costume européen ; le Japonais