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nationaux les plus marqués, et c’est là que je vois une grande partie de la philosophie du Japon. Derrière l’objet, ridée, et surtout la leçon ; à chaque geste, une raison d’être ; à chaque image, des associations d’idées, des enchaînements que tout le monde connaît, un double ou triple sens à tout, et c’est l’inexprimé qui est le principal. Sur les plateaux, les bibelots quelconques que nous achetons des Japonais, nous voyons des décorations très simples, très familières dont la finesse d’exécution et la fidélité nous amusent. Dans l’innocence de notre âme nous n’apprécions que la valeur décorative du sujet. Mais le Japonais y lit une pensée, un vœu, un compliment, une moralité, il sait pourquoi des bambous frissonnent sous la lune — et ce n’est pas parce qu’ils frissonnent bien — il sait que la petite bête ne court pas là seulement pour garnir ce coin où elle est délicieuse, mais qu’elle est un souhait de longévité à votre adresse. Tout est suggestion, porte ouverte sur le rêve, indication de l’au-delà, symbole enfin, langage convenu, cryptographie que l’on apprend à déchiffrer. Le Japonais trouve évidemment une jouissance à voiler en suggérant plutôt qu’à exprimer avec précision et ceci est une attitude philosophique. Dans le temps où isolé de toute influence étrangère il était intensé-