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vieille, elle a mille ans et son auteur n’a pas dit son nom. Le sentiment se mêle à la nature et, comme elle, est plutôt suggéré que décrit :

Debout, tout seul sur la montagne,
J’ai pensé à l’absent aimé ;
Et debout j’ai cueilli d’une main incertaine
Les feuilles de l’année qui s’en va.

Manyoshu, viiie siècle.

Un tout petit cri japonais et réservé de désespoir :

Sais-tu où croît la graine de la fleur d’oubli ?
Oui, c’est dans le cœur qui n’est pas touché d’amour.

On note sans grande émotion et surtout sans révolte la brièveté de la vie :

Je ne sais que ceci :
Plus frêle que la feuille morte emportée par le vent,
Semblable à la toison floconneuse dispersée par la
[bourrasque,
La vie de l’homme passe sans rien laisser.

Kokinshu, xe siècle.