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naga et Hidéyoshi, ont pris part aux représentations qui ont gardé quelque chose de leur caractère sacré. On trouvait encore jusqu’à la révolution chez les grands Daimyos des réserves de costumes et de masques qui servaient soit aux acteurs de passage, soit aux amateurs. Aujourd’hui on peut étudier encore dans les No les splendeurs de l’ancien Japon ; ils ne se conservent plus guère qu’à titre de tradition et n’attirent qu’un public choisi, lettré, recueilli, qui suit le texte et semble prendre part à une cérémonie religieuse.

Où le Japon est bien lui-même, où il faut l’étudier et où il fournit abondante matière à réflexions, c’est dans le domaine de la poésie. Tous les Japonais font des vers, de l’empereur petit-fils du soleil au coolie qui court dans les brancards d’un kuruma ; ils en ont toujours fait et ils en font encore en toutes circonstances. Au Japon, il n’y a pas besoin d’être poète de profession ou amoureux pour se mettre à écrire en vers : hommes, femmes, enfants tournent leur petite poésie à propos de tout et à propos de rien. Il y a des concours de poésie qui sont une institution nationale : l’empereur et l’impératrice choisissent tous les ans un thème, et leurs sujets et leurs personnes