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une place prépondérante et où deux personnages récitent et jouent dans une certaine mesure une partie de la pièce. Ils sont sortis des temples shinto où ils étaient à l’origine une danse mi-comique, mi-sacrée. Le bouddhisme les trouvant à l’état itinérant les adapta à son but de propagande morale. Au milieu du xive siècle on les voit encore comiques, mais ils sont bientôt transformés et récrits par les prêtres et se font historiques. À la fin du xve siècle, on considérait comme classique une vingtaine de No ; deux siècles plus tard, on en comptait sept cents, dont environ deux cents ont survécu et se jouent encore de nos jours. Ce sont de courtes pièces sans péripéties, où le chœur joue sensiblement le même rôle que dans le drame grec, et qui rappellent aussi le drame hindou, mais diffèrent totalement du drame chinois. On y voit les dieux reconnaissables à leurs somptueuses robes de brocart, les nobles en ancien costume de cour, les femmes richement vêtues à l’ancienne mode selon leur condition. Les acteurs professionnels se succèdent de père en fils, ils ont une tradition et se transmettent les costumes, mais de tous les temps les No ont été représentés par des amateurs et souvent de la plus haute distinction. Des empereurs, les grands dictateurs eux-mêmes, Nobu-