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naissable, fait fureur. Sardou l’accompagne sur l’affiche rapporté par Sada Yacco. Les Japonais sont très friands de théâtre où ils s’installent en famille et retournent plusieurs jours de suite pour voir la fin de la pièce. Ils aiment également la tragédie et la farce, l’émotion et le rire, et les font judicieusement alterner dans le spectacle. La scène qui est ronde tourne à chaque changement de décor devant le spectateur et les acteurs traversent toute la salle pour entrer en scène.

Les meilleurs drames populaires japonais remontent au xviiie siècle, qui fut d’ailleurs l’époque d’un épanouissement général de tous les arts ; ils sont tantôt historiques, tantôt de caractère et doivent leur origine aux théâtres de marionnettes, principalement d’Osaka. Ils reproduisent souvent des événements connus comme la vengeance des 47 Ronins ou d’autres également caractéristiques de la féodalité. En général, on y voit beaucoup de sang répandu et de suicides, des situations tendues et des sentiments héroïques. Mais ce genre est considéré comme inférieur et fait pour les petites gens. L’aristocratie s’intéresse passionnément à une autre forme de théâtre, archaïque et très curieuse. Les No sont des représentations solennelles où la danse joue un grand rôle, où le chœur tient