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aux préoccupations japonaises. À peine existe-t-il un nom pour le désigner, et le peuple l’ignore. Il ne sent pas le besoin de délivrance, mais il sourit à la description enchanteresse d’un paradis à venir. Il a donc adopté, développé et fait sien ce beau royaume occidental d’Amida où l’on renaît sous forme de lotus au milieu de toutes les joies et où l’on goûte toutes les félicités. Sauf exceptions, le Japonais n’aime pas à se faire souffrir et à se donner trop de mal pour aller au ciel. Il trouve très acceptable et pratique de s’assurer ce bienheureux paradis en répétant indéfiniment le nom d’Amida. Comme il aime voyager, voir du nouveau et vivre en compagnie, il est friand de pèlerinages et croit volontiers acquérir des mérites en se déplaçant pour visiter de beaux endroits où il se trouve un temple. Il aime aussi le genre de mérite qu’on obtient en brûlant des cierges et des bâtons d’encens, en roulant dans ses doigts des chapelets et en faisant de petites chapelles. Le bouddhisme l’empêche de manger de la viande (qui est rare) mais non du poisson qui est excellent et abondant dans son pays, et malgré la défense de faire du mal aux créatures, il est soldat avant tout. Le bouddhisme japonais a dû s’arranger du suicide qui lui est pourtant fort étranger, et oublier peu à peu la méditation qui lui est essentielle.