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l’état posthume ? Il n’y a pas de différence à faire entre un Shintoïste et un Japonais : le Shintoïsme, c’est le Japon.

En fait de culte le shinto a des hymnes très anciens, les Norito, et des formules magiques : tout ce qu’on en voit est pure magie. Il est basé sur la reconnaissance et sur l’amour et non sur la crainte, c’est un culte gai — du moins pour les fidèles — l’élément magique m’a paru trop dominer chez les prêtres pour les croire exempts de craintes. Les autels sont chaque matin couverts d’offrandes comestibles dont les esprits des dieux sont supposés se nourrir. D’ailleurs, le soir, chacun reprend ses offrandes et les mange en famille, elles ne deviennent pas la propriété des prêtres. Le culte des ancêtres consiste comme le culte public en offrandes quotidiennes de nourriture aux esprits des parents décédés ; les vivants mangent ensuite ces offrandes, il n’y a rien de perdu. Les offrandes sont accompagnées d’une courte formule de respect, quelque chose comme un bonjour, aux membres invisibles de la famille qui sont toujours supposés résider dans la maison, comme le dieu dans son temple, prendre part aux joies et aux peines, et au besoin suggérer de bons conseils et protéger leurs descendants. Le Shinto a des mythes extraordinairement embrouillés qui