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Ceci est moins étrange qu’on ne croirait : le Shinto n’a rien à dire sur l’autre monde, il n’a pas de ciel ni d’enfer à lui, il n’a pas non plus de morale. Il n’a pas davantage de Bible. Il suppose quelque chose de vague après la mort, un pays des ombres, plutôt la tombe qu’une région définie. Une survivance de l’esprit qu’il croit voir flotter sur le corps récemment décédé (Tamashii), mêlée au culte des ancêtres, constitue à peu près tout le Shinto moderne. Comme il faut expliquer l’absence de code de moralité, on démontre que le Japonais est un être si parfait qu’il n’en a pas besoin ; pour bien agir, il n’a qu’à « suivre les désirs de son cœur et obéir à l’empereur ». Les codes d’éthique ont été donnés aux barbares extérieurs comme les Chinois et les Occidentaux parce qu’ils sont mauvais naturellement et qu’il faut des lois pour les maintenir dans la voie du devoir. Mais le Japonais y marche de lui-même. Si surprenant que cela paraisse, tel doit bien

    par terre sur un magnifique kimono. Le prêtre en robe de soie, son étonnante coiffure sur la tête, récitait des incantations solennelles sur le bébé, puis il secoua sur lui le chasse-mouches sacré, fit des signes avec son bâton plat et avec le gohei. Enfin il reprit les offrandes sur l’autel et après les avoir imposées sur la tête de l’enfant, les remit à la bonne avec ce qui me parut un charme dans un sac en papier. Je pense que ces cérémonies avaient pour but les unes de chasser les mauvais esprits, les autres, comme l’imposition du gohei, de faire prendre possession de l’enfant par le dieu.