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joint de système de morale à sa vague théogonie, et le bouddhisme s’est trouvé d’accord avec Confucius — surtout après avoir traversé la Chine. Les transformations qu’a dû subir le bouddhisme pour s’accommoder au goût japonais jettent une lueur sur les besoins de l’âme japonaise. Le vague même du Shinto est également instructif.

En dehors de la valeur de l’étude des idées religieuses d’un peuple pour définir sa mentalité, il ne faut pas perdre de vue l’importance du facteur politique parmi les causes d’adoption et d’influence durable d’une religion déterminée. Sans doute une religion nouvelle ou renouvelée répond à une aspiration, à un besoin de l’esprit, sans quoi elle ne saurait s’établir définitivement, mais une partie de son succès tient aux circonstances ambiantes lors de son introduction, il faut qu’elle arrive à point, et il faut qu’elle serve les intérêts d’un parti prêt à triompher. On est toujours plus porté à adopter une doctrine qui laisse espérer un avantage temporel. C’est pourquoi le Shinto si longtemps presque effacé par le bouddhisme et confondu avec lui a retrouvé une faveur imprévue depuis un siècle, faveur qui semble augmenter et qui d’une part n’est pas si artificielle qu’on veut bien le dire, et d’autre part ne prouve pas qu’il