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de nous pour tant de choses ne change rien à sa manière de voir. Nous savons beaucoup sur des sujets qu’il lui importe de connaître pour garantir son intégrité nationale contre la meute des convoitises extérieures. Il se met à notre école pour apprendre tout cela, puis il paye le maître, le renvoie son contrat fini et se sert contre l’étranger de la science qu’il lui a achetée. Je ne dis pas qu’il lui doit, intentionnellement ; il ne doit rien, il a payé. Il ne reste pas de reconnaissance dans l’âme du Japonais pour son maître étranger ; il en a une profonde, respectueuse et tendre pour son maître national. Il a remarqué que l’Occidental le considère comme un frère un peu inférieur (expression adoucie) et ne se sert pas avec lui de ses manières de cérémonie. Comme il n’admet probablement pas l’infériorité, il ne supporte ces gens qui se croient supérieurs qu’autant qu’il a besoin d’eux. Et lui, si méticuleusement poli avec le moindre de ses compatriotes, il nous rend avec une cruelle exactitude nos procédés un peu cavaliers. Les Anglais me disaient avec un soupir : Ah ! vous autres Français, vous pouvez bien plus facilement vous entendre avec les Japonais, vous êtes si polis ? » Je n’ai pas remarqué que les Japonais fissent la différence !