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Le Japonais répond rarement, mais il interroge beaucoup : il donne les informations avec parcimonie, mais il est avide de s’instruire et il apprend plus volontiers qu’il n’enseigne. Son « je ne sais pas » ou plutôt le petit rire bête (bête pour nous mais poli au Japon) avec lequel il dispose des interrogations les plus élémentaires tape fâcheusement sur les nerfs occidentaux. J’ai vu des hommes hors d’eux et tout prêts à mettre en pièces l’innocent mais ricanant Japonais. Il vaut mieux essayer de deviner la cause de cette réticence. Ne savent-ils réellement presque rien des choses de leur pays ? Ou les sachant, ne veulent-ils pas les faire connaître à l’étranger ? Peut-être un peu des deux. Ils ne savent probablement pas les choses qui intéressent l’Occidental, mais qui tiennent peu de place dans leurs préoccupations actuelles ; surtout, je crois, ils sont inquiets de ce qu’on pensera de leur réponse. Peut-être ont-ils à un haut degré la conviction tout orientale que la vérité est dangereuse à dire et qu’on perd quelque chose à la laisser connaître. Mais ils ne font pas de contes, ils ne tressent pas ces surprenantes guirlandes de mensonges où excellent les Hindous. Ils sont réticents sur leurs propres affaires et très portés à s’informer de celles d’autrui. S’ils savent quatre mots d’anglais, ils en profitent pour tirer de