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En fait de prophétie, chacun vaticine selon l’inspiration de son propre esprit. De tout ce que j’ai cru comprendre du Japon je ne peux m’empêcher de conclure que l’époque actuelle doit être considérée comme une décadence et le commencement de la fin. Un peuple ne surgit pas ainsi du jour au lendemain sans racines dans le passé et en contradiction avec lui-même : celui-ci témoigne assurément d’une force surprenante, mais y a-t-il rien de plus puissant que les convulsions de l’agonie ? Ce qui me frappe surtout, c’est que tout ce qui a fait la gloire et le bonheur du pays jusqu’à présent est en voie de disparaître et pour être remplacé par des emprunts faits à des peuples dont on ne peut dire qu’ils soient à l’apogée de leur gloire ni de leur bonheur. Il n’est guère à supposer que les mêmes causes engendrent des effets différents et que ce qui ne réussit qu’à moitié — est-ce à moitié ? — dans l’Ouest réussira tout à fait dans l’Est ? Pourquoi ce qui engendre ici guerre de classes et démoralisation ferait-il naître en Extrême-Orient bien-être universel et moralité supérieure ? On a vu des peuples se renouveler, mais c’est en retournant aux sources, en se retrempant dans la saine nature, non en important la fumure intensive de civilisations décadentes qui ne se maintiennent elles-mêmes que parce que personne