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ayant pour but l’ouverture de relations d’échange avec un autre peuple, pas une exploration. Les Japonais paraissent être un peu parents des Javanais, pas trace de relations avec eux. Toute leur expansion est récente et imitée de l’Europe ; d’eux-mêmes, ils n’y pensaient point. Un peuple navigateur et colonisateur ne se fût pas laissé enclore pendant deux siècles et demi dans les limites de son archipel — difficile à garder, semble-t-il. S’il a enfin rompu sa chaîne, c’est qu’une escadre américaine a forcé le blocus. À supposer que le Japonais ait souffert de son isolement, — ce dont je doute — il a attendu qu’on lui apportât la liberté et qu’on la lui imposât de vive force.

Pourquoi les Japonais n’ont-ils jamais cherché à s’étendre ? On peut répondre : c’est qu’ils ne sont pas commerçants et c’est qu’ils se trouvent bien chez eux. C’est généralement le désir de gagner de l’argent qui fait s’aventurer les hommes loin de leur pays : les navigateurs de l’antiquité étaient surtout les Phéniciens et les Grecs, probablement avant eux les Égyptiens ; de nos jours, les Anglais. À remarquer ici que le mythe de la barque (arche) si répandu chez tous les anciens peuples manque dans la mythologie japonaise et c’est où on s’attendrait à le trouver d’abord,