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haut, le manque de déserts. Qui dit troupeau, dit déprédation, ruine de la végétation, sécheresse concomitante et finalement désert. La dent rapace de l’animal, encouragée par la rapacité plus grande encore de l’homme qui le conduit, n’épargne rien et ne prévoit pas le lendemain. Regardez une carte et voyez ce que sont devenues les anciennes contrées pastorales : partout le désert. Pour nourrir les troupeaux il faut déboiser, quand on déboise il cesse de pleuvoir. Quand il ne pleut plus assez, la terre donne à peine une rare verdure, les troupeaux la broutent sans lui laisser le temps de se développer et il ne pleut plus du tout. Alors, c’est le sable ou le roc nu. On voit cela encore de nos jours en Algérie où les forêts disparaissent peu à peu malgré tous les efforts de l’État, sous la dent insidieuse des troupeaux arabes. Le Japon n’a pas eu à souffrir de cette plaie, il est délicieusement vert et il y pleut toujours… oh combien !

Jusqu’à aujourd’hui le Japon n’avait pas éprouvé le besoin de s’étendre par des colonies : c’est un trait curieux de caractère chez des insulaires que cette absence de ce qui fait les navigateurs. On ne connaît pas un voyageur japonais, pas une entreprise