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pastorale des mythes et de la poésie grecque ; ce sont les bergers de Chaldée qui ont observé et fixé le cours des astres, nous nous servons encore de leur division du temps en sept jours. La cosmogonie biblique — quelle que soit la valeur qu’on lui attribue — est toute pastorale, basée sur l’observation de la nature, qu’elle nous montre créée tout entière avant l’homme. Tandis qu’au Japon on ne trouve au commencement qu’un mâle et une femelle qui se rencontrent et s’accouplent. Le chef de troupeaux qui conduit ses bêtes à de nouveaux pâturages et les ramène a dû conclure aisément du retour périodique des astres qu’il y a derrière eux un grand berger invisible qui les dirige et les maintient en ordre. Ces grandes rêveries qui ont mené loin la pensée humaine, auxquelles on doit les grands livres, les observations exactes et les énormes constructions primitives, ont manqué au Japonais. Il n’a pas eu le temps de se perdre dans les spéculations abstraites parce qu’il fallait sans cesse arroser son champ, et il n’a pas été troublé par le ciel étoile parce que le cultivateur se retire sous un toit dès le soleil couché. Il n’a pas eu l’idée de personnifier la nature parce qu’il n’a jamais vécu dehors jour et nuit ; il l’a toujours tourmentée pour la cultiver ; il l’aime tendrement mais il la met en petits pots.