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sud, rigoureux au nord, et, j’en suis fâché, vilain partout. Car il pleut toujours et en toute saison ; c’est, disent les géographes, pire qu’en Angleterre : je n’ai pas vu que ce soit une exagération. Le Japon n’est pas laid par la pluie : peut-être gagne-t-il quelque chose, comme certaines estampes, à être rayé en travers par les continuelles averses ; et la pluie tombe avec une continuité, une assurance, un air d’être chez elle et dans son droit, qui, s’il enlève toute espérance, porte à un acquiescement résigné. Ce serait un paradoxe très soutenable de baser les mœurs et le caractère des Japonais, leur art et leurs coutumes, en un mot le Japon tout entier, sur l’humidité de son climat. Quoi de plus naturel que d’attribuer à cette pluie perpétuelle et inévitable la docilité inusitée de ce peuple toujours mouillé ? N’est-ce pas la pluie qui le fait voir gris et en teintes atténuées ? La pluie qui fait adopter une forme de vêtements bien gainée au corps, facile à abriter par conséquent ? Les hauts patins de bois n’ont pas d’autre origine, les vérandas autour des maisons non plus ; on pourrait dire que l’habitude de renfermer ses objets précieux en les sortant l’un après l’autre de temps en temps vient de la crainte de les voir moisir. Sûrement c’est à la pluie que le Japon doit son incomparable ver-