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à ridée que nous nous faisons d’une plaine. Cela ne suggère pas l’étendue et ne se perd pas dans les brumes de l’horizon. Les montagnes et les collines ne servent exactement à rien ; on ne les cultive pas et elles ne nourrissent point de bétail. Les vallées, au contraire, sont cultivées jusque dans le moindre recoin et vues de haut ressemblent aux cases d’un échiquier. Petits champs de riz, petits bosquets, nouveaux petits carrés de riz, petits groupes de toits gris abrités sous la verdure, se succèdent régulièrement tant que la pente n’est pas trop forte. Dès qu’elle s’accuse viennent des buissons dominés tout en haut sur les arêtes par quelques arbres isolés extrêmement pittoresques. Cet aspect du paysage est familier à quiconque use de paravents japonais. Dans les fonds, des torrents accidentés, des cascades, des arbres qui se penchent sur l’eau ; près de la mer, le torrent s’élargit en estuaire de fleuve : un désert de sable et de cailloux où se perdent des filets d’eau. Et comme la nature est aussi à rebours que le peuple, c’est le lit de la rivière qui est plus élevé que le pays environnant, si bien que le chemin de fer, au lieu de le franchir sur un pont, est obligé de passer dessous en tunnel ! Beaucoup de lacs charmants, pas très sauvages, mais de forme irrégulière et reflétant la