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non seulement de manières distinguées, mais encore de plusieurs vertus. Pour bien remplir son rôle d’hôte ou d’invité dans une cérémonie de thé, il faut en effet avoir assez d’empire sur sa langue pour s’abstenir de toute médisance, de toute allusion aux nouvelles du jour, à son prochain et à soi-même ; assez d’empire sur ses nerfs pour pouvoir garder une immobilité parfaite, interrompue seulement par de profondes prosternations, ou pour accomplir l’un après l’autre sans une défaillance, une impatience ou une erreur, des centaines de mouvements minutieusement réglés auxquels on ne peut rien ajouter ni retrancher. Exemple : les pas qu’il faut faire pour gagner la porte sont comptés, celui des doigts qui peuvent à certains moments toucher dans une certaine position certains objets aussi. Il faut être souple pour faire son office avec grâce, profondément attentif pour ne rien oublier, d’une patience à toute épreuve pour aller jusqu’au bout. Il faut savoir s’oublier soi-même, puisqu’on ne peut laisser intervenir sa personnalité même dans le plus infime détail.

Il faut être simple, car il n’est permis d’employer dans la construction du pavillon que du bois brut, et pour les menus objets que de la poterie commune ou du bois. Sans ostentation, car on ne peut exhiber qu’un seul kakémono dont les sujets sont rigoureuse-