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croit si fidèlement reflétée — je crois l’avoir aperçue presque toute dans le culte de ces longues et traditionnelles manipulations qui encadrent et conditionnent l’absorption d’une tasse de thé. L’élaboration de ce rituel — purement japonais — montre ce que ce peuple artiste a pu imaginer de plus parfait comme ajustement de mouvements ; comme proportions et matériaux du local, comme nombre d’invités, comme forme et comme couleur des instruments, comme attitude physique et morale des communiants, rien n’a été laissé au hasard, ni la hauteur de la porte, ni le nombre des nattes, ni la place de la bouilloire. Encore moins la forme de celle-ci. Tout est le résultat de longues méditations et d’essais répétés. Et ceux qui se sont livrés à ces études qui nous paraissent puériles, étaient des hommes de valeur ayant occupé les plus hautes situations, empereurs ou shoguns retirés à la mode japonaise avant la vieillesse et passant doucement la vie dans de merveilleux jardins en compagnie d’abbés de monastères bouddhiques. Ces raffinés de loisir, prêtres et hommes d’État, n’ont pas cherché seulement la beauté et l’élégance, mais en vrais Japonais ils ont mis leur profondeur dans des choses de rien, et en créant les cérémonies de thé, ils ont préparé à la jeunesse de leur pays une école étonnante