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On se réunit en très petit groupe, on prend l’air grave, on s’accroupit chacun à sa place. Le maître de maison présente un certain nombre d’espèces d’encens. Puis il les brûle dans un ordre changeant, parfois plusieurs ensemble, et il faut que les invités discernent chaque espèce. Tout se passe dans le plus grand silence, le nez seul officie ; on écrit ses conjectures dans un style mystérieux et convenu sur des bouts de papier. Quand à force de sentir on ne sent plus rien, on respire du vinaigre et on recommence. C’est un plaisir de gens très distingués.

Les cérémonies de thé, plus fastidieuses, plus répandues aussi, ont été décrites par maint voyageur. On les a étudiées parce que c’est à elles que les collectionneurs doivent quelques-uns des bibelots qu’ils recherchent le plus et paient le plus cher. Mais cette espèce de sacrement laïque et national des Japonais peut fournir abondante matière à réflexions sur le caractère du peuple qui les a inventées et qui continue à considérer ses rites comme l’école où la jeunesse des deux sexes se forme aux bonnes manières. Sans entrer dans des détails fastidieux, il faut envisager la philosophie des cérémonies de thé parce qu’elle jette une lueur certaine sur l’âme japonaise. Si je ne la vois pas bien dans un cerisier en fleurs — où elle se