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à cet exercice, on peut renverser de l’eau sans rien gâter, on respire à l’aise et on a la distraction de causer avec les passants.

Cependant comme il pleut assez habituellement, il faut dans les îles du soleil levant des distractions à domicile et des réunions dans des édifices abrités des intempéries. Le Japonais n’en manque pas et le nombre d’heures que chaque exercice exige m’a paru en rapport avec la durée de la pluie ininterrompue au Japon. Notre petit frère jaune joue aux échecs, pas tout à fait les mêmes échecs, à un certain jeu de go qui peut durer toujours et qui dépasse de loin les échecs en difficulté. En ceci il nous ressemble, mais nous n’avons jamais songé à nous inviter les uns les autres pour flairer de l’encens… Il y a au Japon des cérémonies d’encens, très nobles, très raffinées, très minutieuses, qu’on célèbre comme un culte à l’instar des fameuses cérémonies de thé. On brûle constamment de l’encens en Extrême-Orient, dans les maisons comme dans les temples, c’est le correctif nécessaire aux cruelles odeurs qui torturent un nez sensible. À ne respirer que le parfum sui generis des rues, on croirait le nerf olfactif des Japonais atrophié, à voir leurs cérémonies d’encens on s’aperçoit qu’ils l’ont fort délicat. Voici succinctement en quoi consiste ce plaisir sérieux (ou enfantin).