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raison de se mettre en route. Les trains de plaisir abondent au Japon : il y en a pour les fêtes annuelles, parfois mensuelles, des temples, pour les champignons, pour les glycines, pour les cerisiers, pour la grande revue, pour quoi encore ? Pour tout. Sauf le théâtre, tous les plaisirs sont dehors et presque tous basés sur la Nature, ses beautés, ses changements aux différentes saisons.

Les Japonais ne pensaient point à se baigner dans des endroits fermés avant les réflexions des Européens : très friands de bains chauds et très riches en sources thermales, ils ont toujours aimé à se rendre aux endroits où la nature leur fournit gratis l’eau presque bouillante et plus ou moins minéralisée. Ils y barbotent comme des canards, y passent des heures, parfois des journées comme à Louèche, mais non pas entre quatre murs. Un toit léger garantit du soleil ou d’une ondée, une cloison de bambou ou de ramée cache à ces étranges barbares occidentaux le spectacle naturel d’un heureux pêle-mêle de sexes et d’âges, batifolant, s’éclaboussant, livrant leur personne entière sans nulle réserve aux chaudes caresses de l’eau courante. Sauf avertissement d’un desdits barbares, un Japonais ne voit pas de raison de prendre son tub ailleurs que dans la rue, c’est pour lui l’endroit le plus propre