Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai noté ailleurs la variété des expressions qui désignent les femmes de la main gauche et qui n’ont pas pour but de voiler d’une métaphore l’indécence du sujet, mais de représenter exactement des degrés sociaux.

Le Japonais si renfermé dans ses pensées ne l’est pas dans sa vie extérieure : le mur de la vie privée est en papier, et encore. Il est obligé d’écrire sur sa porte son nom et ses qualités ; il enlève tous les matins les murs de sa maison qui sont des volets placés le soir pour empêcher les voleurs ; il s’enferme quand il y a lieu entre des paravents de papier, mange partout, dort où il se trouve, et ses domestiques ne frappent jamais avant d’entrer. Inutile d’ajouter qu’il ne peut confier ses secrets qu’en plein air puisque les cloisons de sa chambre sont en papier. Il n’a donc pour s’y réfugier que le domaine de sa pensée : cela explique qu’il s’y concentre si fort et qu’il se soit fait un rempart impénétrable d’une physionomie immobile. Moralement, il ne peut pas s’isoler du vulgaire : tout le monde sait ce que tout le monde fait et dit, et comme partout, on glose. Mais l’opinion publique est plus impérieuse au Nippon qu’ailleurs, elle représente l’autorité incontestée des coutumes et sert trop souvent de source de renseignements à l’autorité gou-