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car les villes changent de nom aussi facilement que les gens. Un développement imprévu, un changement politique, et voilà une capitale débaptisée : exemple Yeddo-Tokyo de nos jours. Il n’en faut pas tant pour transformer le village de Chuzenji en Chugushi ; un simple caprice de l’employé du cadastre, une petite modification dans les productions de l’endroit, un rien. Les lieux n’ont pas plus de personnalité que les hommes.

Quant à l’empereur, petit-fils du soleil, il est au-dessus de tous les noms et n’en a que pour les barbares étrangers : tant s’en faut que les Japonais sachent tous comment nous nommons leur empereur. Mort, on peut se permettre de le désigner par un nom, mais c’en est un de fantaisie qu’il n’avait jamais porté vivant !

Un père est un père, croyez-vous ; la relation de géniteur à engendré est la même à tous les degrés de l’échelle. Pas au Nippon. Le même mot peut-il désigner l’auguste auteur d’un empereur et le papa d’un serrurier ? Fi donc, quelle grossièreté. Il y a 9 mots — 9 — pour dire père en japonais, 9 nuances finement dégradées qu’il faut savoir employer à propos. Autant pour mère et fille, mais cela s’élève à 11 pour femme et fils, et descend à 7, un rien, pour mari.