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sations plus pures. Au bout d’une semaine il est encore enchanté, mais il entrevoit le problème. Au bout d’un mois, il est fasciné — non plus par le pays — mais par le problème. Puis il passe par des alternatives d’ardeur et de découragement ; le problème se creuse pour ainsi dire sous ses pas. Il a la sensation de descendre dans un abîme sans avoir la certitude de trouver quelque chose au fond. Le Japonais qui au premier moment lui a paru une amusante silhouette, fine et propre, un peu jouet articulé, devient une énigme dont il s’épuise à chercher le mot, un terme inconnu dont il cherche à serrer le sens, sans arriver à le définir, un mur lisse derrière lequel il se passe… quoi ? Quelque chose ou rien ?

On peut apercevoir le désert dans les yeux d’un chamelier arabe, toute la philosophie aryenne dans le regard intense et perdu d’un Hindou accroupi au bord d’une route, tout l’Islam, du fanatisme à l’unité de Dieu, dans l’attitude noble et résignée d’un Turc. Que reflètent les petits yeux bridés, le front uni, la peau jaune et tendue d’un Japonais ? Directement, rien, vous pouvez le regarder attentivement pendant des heures sans voir s’entrouvrir un horizon familier ni nouveau. Pour essayer de deviner ce que cache ce masque impénétrable, il faudra chercher une source