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Mais le respect filial ne permet pas en pratique d’user de ce droit et la jeune personne accepte avec soumission et reconnaissance le fiancé qu’on lui offre. Suivent des envois de cadeaux et l’engagement est considéré comme définitif et presque impossible à rompre. Le mariage n’est au Nippon ni religieux ni civil, on ne va ni au temple ni devant M. le Maire, c’est une affaire de famille qui se passe en famille. On se contente, d’en faire part à l’autorité civile quelques jours après, afin que la jeune mariée soit inscrite dans son nouveau quartier. Quand elle quitte la maison paternelle pour se rendre chez son époux, la petite Japonaise est habillée de blanc, mais ce n’est pas un symbole virginal : le blanc est la couleur du deuil et des morts, et pour bien montrer qu’elle est morte en effet, on procède aussitôt qu’elle en est sortie dans la maison familiale aux cérémonies qui accompagnent les funérailles. On nettoie tout, on brûle de l’encens, etc., etc. Arrivée chez ses beaux-parents, on la présente à tous les membres de la famille vivants et morts, ceux-ci représentés par leurs tablettes. Puis elle revêt une belle robe, présent de son époux, et boit à la même coupe que lui à plusieurs reprises, il y a un grand repas et on va se coucher. Dès le lendemain elle va faire une visite à sa famille pour montrer qu’elle n’est