Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout et à propos de rien. Et qu’on ne s’illusionne pas, le Japonais habitué à son code, trouve le nôtre — qu’il ne connaît pas d’ailleurs — tout aussi étonnant et choquant.

Les femmes passent après les hommes au Japon, comme partout en Orient du reste, et sont réduites à un état qui rappelle la servitude. Elles n’ont ni position ni influence ; elles servent à avoir des enfants, à tenir la maison, et à faire la cuisine. On leur permet d’être jolies, et elles le sont. De s’habiller d’une façon assez coûteuse et d’être un peu sottes, mais on ne voit point qu’elles puissent prétendre à rien de plus. Elles-mêmes ne prétendent à rien ; comme partout elles sont plus conservatrices que les hommes et mettent leur gloire à s’effacer et à servir : on sait que les femmes musulmanes considèrent leur voile et leur clôture au harem comme un privilège et un honneur. La situation d’une Japonaise se définit ainsi : enfant et jeune fille elle obéit à son père, mariée à ses beaux parents et à son mari, veuve à son fils. C’est une mineure perpétuelle dont le rôle doit être tout d’utilité et de charme, mais qui n’a pas d’existence personnelle et à aucun moment de sa vie, ni dans aucune situation, ne peut vivre pour elle-même. Son éducation consiste à savoir les coutumes, les bonnes manières.