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forma, surpris surtout que le samouraï n’eût pas plutôt fait voler sa propre tête d’un seul coup du sabre à deux mains qu’il avait instinctivement saisi au moment de l’outrage. On lui expliqua que l’offense était, au Japon comme ailleurs, de celles qui ne s’effacent que par la mort, mais qu’un point d’étiquette japonaise insoupçonné n’ayant pas permis au samourai de tuer l’offenseur, il n’avait d’autre ressource pour laver son honneur que de se suicider. Voilà où peut mener l’éternel sourire des Japonais en face de races moins habituées à recouvrir leurs émotions naturelles d’un masque amène.

La politesse est méticuleuse au Japon, mais elle diffère tant de la nôtre que sans explications, lesquelles sont à peu près impossibles à obtenir, on prend quelquefois ses raffinements pour de la grossièreté. Invitez un Japonais à dîner, écoutez-le avaler sa soupe à grand bruit, très choqué vous perdez toutes vos illusions sur cette fameuse politesse japonaise. C’est que vous ne savez pas — comment sauriez-vous ? — que ce bruit déplaisant a pour but de vous montrer avec quel plaisir il mange votre soupe et que c’est une politesse qu’il vous fait ! Pense-t-on que les froissements soient fréquents dans un pays où des choses de ce genre arrivent sans cesse à propos de