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ont raison et les Européens qui ont tort. Par exemple il est beaucoup plus rationnel de tourner la tête du cheval à l’écurie vers la porte que vers le mur : on peut le surveiller plus facilement, voir s’il a encore à manger et à boire, s’il taquine ses camarades, et le pauvre cheval s’ennuie moins. La façon japonaise d’écrire les adresses se recommande par sa logique : ce que la poste a besoin de voir d’abord, c’est le nom du pays, de la province et de la ville. Le facteur seul a besoin de savoir la rue et le numéro, le concierge le nom. Dans ces deux cas nous voyons un exemple de cette faculté d’adaptation que les Japonais poussent si loin. Mais il n’y a rien de plus mal, élevé chez nous que d’emporter quelque chose de table : on explique ainsi la méthode japonaise : on mange peu parce qu’il est disgracieux et contre la bonne éducation de se gorger. Jusque là nous sommes d’accord. Mais on trouve là-bas qu’il n’est pas à propos que l’hôte profite de la réserve de ses invités, il ne veut pas mettre de côté ce qui reste de ses provisions pour le manger plus tard en famille ; il en fait faire de petits paquets par ses domestiques et prie courtoisement ses invités de vouloir bien les emporter chez eux. C’est le même sentiment qui porte un Japonais à répondre quand on lui offre des cigarettes : j’en ai à moi, et à