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bout. On ne met pas son cheval à l’écurie la tête au mur, mais on le tourne vers la porte. Quand on dîne en ville, on se garde bien de manger à son appétit, mais on emporte chez soi ce qu’on n’a pas mangé. On ne construit pas des clochers élevés pour y suspendre les cloches, mais on les accroche à raz de terre ; elles n’ont pas de battant intérieur, mais on les sonne en frappant dessus avec des ais. Les pêcheurs ne tirent pas leurs bateaux sur la plage l’avant vers la terre, mais vers le flot. On commence les maisons par le toit, on rabote en tirant le rabot. On adresse les lettres ainsi : Japon, Kyōto, telle rue, tel numéro, un tel, prénom, monsieur, ingénieur. On ne boit pas après dîner, mais avant — cela fait que quand on a trop bu, on n’a plus besoin de dîner. On mange les sucreries avant la soupe et on monte à cheval par la droite. Enfin on dit que les Japonais se sèchent après le bain avec une serviette humide !

Tout cela a l’air d’une salade d’enfantillages pour faire rire le lecteur, mais il n’en est rien, et ces petites choses-là sont justement celles qui importent beaucoup. Après en avoir souri, il vaut la peine d’en chercher l’explication et de se demander pourquoi elles sont ainsi et quelle est leur signification. Il est évident que dans certains cas ce sont les Japonais qui