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Orientaux, qui a lu avant, pendant et après toute la littérature afférente au sujet et qui a été au Japon avec l’illusion d’y étudier quelque chose (le bouddhisme). J’y ai passé deux mois, j’y ai vu beaucoup de Japonais de la classe lettrée et quelques résidents bien placés pour être informés. On prétend que tout le monde écrit un livre sur le Japon et cela se comprend : ce qu’il y a de vraiment délicieux dans un voyage au Japon, c’est la préparation qui le précède et le souvenir qui le suit. On en rêve avant, on en rêve encore après. Entre ces deux rêves, le moment qu’on passe physiquement au Nippon ne laisse pas que d’être un peu décevant et par moments irritant.

Quand on débarque à Yokohama, si l’on ne connaît pas l’Orient, tout est joie et ravissement ; si l’on a l’habitude de ces arrivées dans un autre monde, il y a moins de surprise, mais il reste le ravissement. Tout est amusant, c’est la première sensation, parce que tout est petit, menu, souriant, silencieux, les femmes gracieuses, souvent jolies, les enfants impayables. On trouve un bon hôtel et des Japonais habitués aux étrangers, le tableau est tout lumière. Au bout de 24 heures, qui a l’habitude de se servir de ses yeux s’aperçoit qu’il n’est pas au Japon et cherche des sen-