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les trous, papa cuit et finit de poncer après que les enfants ont dégrossi. Le dessin si varié d’apparence est en somme immuable, chaque artiste ayant une spécialité et des limites dont il s’écarte peu. Il n’y a que les grosses maisons qui travaillent pour l’exportation qui emploient un certain nombre d’ouvriers. On cloisonne en famille, de père en fils, avec peut-être un ou deux élèves quand la famille a une grande réputation d’habileté ou quand elle est peu nombreuse. On a des secrets de fabrication, en tous cas un tour de main acquis, héréditaire, et des décors favoris qui arrivent à un haut degré de fini et d’aisance parce qu’on les a en quelque sorte dans le sang et au bout des doigts en naissant. Descendants légitimes ou élèves adoptés, tout le monde signe du nom de l’ancêtre premier, reproduit son œuvre et s’identifie avec lui. Ceci est aussi vrai des peintres que des cloisonneurs ; l’individu ne compte pas au Japon, il se fond dans l’école comme dans la famille et s’honore autant, sinon plus, de reproduire que de créer.

La philosophie de la laque est celle du cloisonné : même origine chinoise, même supériorité japonaise. Même conscience et même habileté d’exécution. Ateliers de famille, traditions, écoles ; c’est un art peut--