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les choses anciennes, mais c’est qu’il ne voit pas de ses yeux si elles sont belles, c’est le prix qui le renseigne… pauvre Américain ! Et pauvre Japon ! Son goût se fausse si bien au contact des touristes et plus encore des agents d’exportation, qu’il en vient à dédaigner le voyageur éclairé qui recherche les simples décorations japonaises, celles qu’il ne fait plus que pour ses compatriotes. Que restera-t-il de l’art japonais dans quelques années quand les écoles d’art où on enseigne aux jeunes gens à dessiner comme en Europe des sujets européens auront eu le temps de faire leurs preuves ? Quand le sens de la couleur se perdra peu à peu en voyant de plus en plus d’étrangers en vêtements à carreaux ? Quand la grâce verdoyante et douce du paysage aura achevé d’être gâtée par les cheminées d’usines et les pancartes-réclames le long des lignes de chemins de fer ? Quand de lourdes bâtisses de style (?) moderne écraseront de plus en plus de masses disgracieuses les maisonnettes de poupées dont l’agglomération forme les villes japonaises ?

Quand le Japon était fermé à toutes les horreurs occidentales et bien japonais, tout ce dont on se servait, fût-ce le plus humble des objets nécessaire au moindre paysan, était d’une forme exquise, sobre-