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décorations tourne dans un cercle assez restreint. Il ne demande pas à l’imagination pure les rêves délirants des sculpteurs hindous, il ne se brise jamais contre l’impossible, mais il n’a pas l’honneur de l’avoir tenté. Tout ce que peut l’observation patiente et fine, la hardiesse et la simplicité du coup de ciseau, le sens exact de l’harmonie et de la mesure, le Japonais le montre et nous restons sous le charme ; ce qui dépend de qualités plus ardentes, ce qui demande de l’audace dans l’idée, de l’élan quitte à se meurtrir, le dévergondage de la fantaisie, le besoin de chercher du nouveau au risque d’offenser le goût, manque à cet art qui peut toucher parfois à la profondeur, jamais au grandiose, qui plaît et retient mais n’étonne ni ne trouble.

IV

Dans ces conditions, il est facile de s’imaginer que le Japon a surtout excellé à pousser les petites choses au plus haut degré de perfection. On peut reprocher à un temple de n’être qu’une grande cabane, à un tableau de n’être qu’un kakémono, à une porte merveilleusement travaillée de n’être qu’en bois, il n’y a rien à reprendre à un ivoire japonais. L’artiste qui le