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gouvernement n’approuve pas la sortie des chefs d’œuvre et encourage de toutes manières leur rachat à l’étranger.

Le Japonais illustre un livre comme il décore une pièce, en maître ; il jette sur un éventail une suggestive esquisse commentée d’une petite poésie, il croque sur un écran d’auberge des symboles classiques pour lui qui nous semblent des études d’histoire naturelle. Toute surface où il peut promener son hardi coup de pinceau s’anime et retient l’œil charmé. Exquise et bien caractéristique la légende de ce peintre qui ne pouvait achever sa tâche parce que les personnages qu’il peignait se levaient et s’enfuyaient sitôt achevés… ils étaient vivants !

III

La sculpture est venue au Japon avec les missionnaires coréens qui apportèrent leurs bouddhas et se mirent en devoir d’en tailler d’autres dans les bois de leur nouveau pays. On commença par sculpter le bois et à vrai dire on en resta là. Le Japon n’est pas un pays où l’on fasse une orgie de pierre empilée ni repercée. On rencontre au bord des chemins des bouddhas de granit que l’humidité du climat a rêvé-