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plus merveilleux effort de son pinceau si bas qu’il faut s’agenouiller et se prosterner sur les mains pour l’admirer. L’art décoratif est selon les cas noble ou gracieux, jamais compliqué ni disproportionné ; le Japonais ne cherche pas à mettre dans son cadre généralement restreint plus qu’il ne peut contenir, mais il réussit quand il le veut à donner la sensation de la vraie grandeur dans un espace très limité.

Je ne dirai que quelques mots des estampes en couleurs admirées et collectionnées également par les Japonais et les Européens ; elles ont été si étudiées et par des noms si respectés, qu’il sied de se taire humblement. Est-il permis dans la patrie des Concourt de remarquer en passant que Hokusai — qui ne s’appelait pas ainsi — est plus que discuté au Nippon ? Qu’on l’y considère comme entaché de vulgarité et comme ayant travaillé pour le goût grossier de la canaille ? Les Japonais ne se sont mis à acheter ce genre d’imagerie populaire que depuis qu’ils ont vu les Occidentaux se ruer dessus. Ils préfèrent des écoles plus classiques, plus sobres, et continuent à les payer très cher. Si cher, m’ont affirmé des gens très renseignés, qu’il est presque impossible à présent pour un étranger de se procurer des peintures ou des estampes de tout premier ordre. D’ailleurs le