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Le voyageur est un facteur changeant : il apporte avec lui des éléments d’appréciation divers ; il arrive d’Europe ou d’Amérique ; il a déjà beaucoup vu, ou il n’a rien vu du tout. Il est accessible au divertissement des aspects nouveaux à des degrés différents. Il vient s’amuser (celui-là repart toujours content), ou étudier une branche quelconque du savoir universel (celui-ci n’est pas bon à entendre au départ ; selon son tempérament il éclate ou il soupire, toujours il est désappointé) ; il ne fait que passer (il est ravi), ou il séjourne un peu (il critique alors beaucoup), ou il s’établit (enthousiasme), ou il a passé vingt ans dans le pays (où vont les illusions perdues) ? Juger le Japon est un problème jusqu’à présent insoluble, tout au moins n’a-t-il pas encore été résolu. Le livre définitif n’est pas écrit sur le Japon : la synthèse n’est pas établie. Chacun peut dire son mot ; sans espérer que le mot restera, on peut essayer de fournir à celui qui plus tard trouvera la formule quelques-unes des réflexions sur lesquelles il exercera son jugement. J’ai vu, j’ai lu, j’ai cherché à comprendre, je propose ici mon humble quota d’impressions, d’inductions et d’appréciations.

Je rentre dans la catégorie du voyageur qui a été beaucoup ailleurs, qui connaît et aime l’Orient et les