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l’harmonie et des proportions, la largeur de leur exécution en font des décorateurs de premier ordre. La disposition de leurs intérieurs se prête de plus tout particulièrement à la décoration picturale. En effet les murs sont toujours en papier, à cloisons fixes ou mobiles ; ces cloisons divisées en panneaux appellent d’elles-mêmes l’ornementation. Et c’est une des sensations artistiques les plus délicates du globe-trotter à la recherche de ce qu’il y a de beau au monde, que la visite des anciens appartements impériaux ou princiers dans les palais ou dans les temples de Kyoto. Dans la pénombre mystérieuse qu’entretiennent au Japon les carreaux en papier donnant sur des vérandas fermées — et aussi le ciel bas d’un climat perpétuellement pluvieux — l’œil s’émerveille des fonds d’or atténués des fusuma et suit avec surprise les longues branches de pin qui se développent autour d’une pièce. Des oiseaux qu’on pourrait croire vivants reposent ou se jouent dans la verdure, des fleurs qu’on cueillerait s’épanouissent en moissons. Tout est à sa place, du ton qu’il faut, de la grandeur qui convient. La pièce bien que séparée en panneaux semble une parfaite unité, c’est un panorama complet. Parfois des sujets traités avec tout le convenu chinois introduisent des centaines de