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et profondes — quand il y en a — le sujet minutieusement observé mais sobrement rendu : il est difficile d’exprimer à quel point ces deux contraires — minutie d’étude et largeur d’exécution — se marient dans les compositions japonaises. Il n’y a jamais d’à peu près, et jamais que l’indispensable, on ne sait comment concilier cela. Certains très anciens portraits de saints bouddhistes ont un moelleux de ton, une profondeur de suggestion, qui font penser aux Primitifs. Et il y a un certain moine artiste qui aimait représenter le paradis, qui l’a vu si exactement comme Fra Angelico, que l’on serait tenté de le prendre pour une réincarnation du célèbre moine de Fiésole, s’il n’avait vécu par un curieux caprice de la nature juste à la même époque que lui. Même naïveté, même onction, même charme, même anges musiciens, même agencement de la composition, c’est à n’y pas croire. Le moine japonais a vu des bouddhas à la place du Christ et de la Vierge Marie, mais la cour céleste qui les entoure est toute semblable et passe le temps en danse et en concerts avec une pareille innocence d’expression.

Quand la peinture n’est pas édifiante ou historique, elle est décorative et elle atteint un haut degré de perfection. Le sens exquis que les Japonais ont de