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culté vaincue que l’on ressent devant la pierre travaillée en Égypte ou aux Indes. L’inoubliable splendeur des temples de Nikko tient entièrement à leur situation dans des bois tellement uniques et imposants que l’on ne peut croire ensuite qu’un souvenir si grandiose se rapporte au Japon. Les temples shinto sont de simples amplifications de la hutte préhistorique japonaise ; les temples bouddhistes des importations chinoises avec de vagues ressouvenirs de l’Inde. Les palais sont des agrégations de huttes ; les maisons, des maisonnettes de poupées. Seulement, tout y est ingénieux, délicatement ajusté, proportionné et en somme commodément ordonné si l’on envisage les besoins très simples et l’extrême pauvreté des Japonais. J’ai dit que le peuple ne bariole point sa demeure : il n’en est pas de même des temples bouddhistes. Là le goût chinois veut d’éclatantes couleurs, des verts, des rouges, des ors, et l’ornementation atteint parfois une richesse qui frise la surcharge et la confusion. La porte joue un grand rôle comme toujours en Orient et elle est détachée de l’édifice principal qu’elle annonce plutôt qu’elle ne le clôt. Cela va des arcs de triomphe les plus fouillés, enjolivés — toujours en bois — et contournés au simple et délicieux Torii qui signale, par-