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porte en beauté, le bouddha japonais l’emporte en détachement : ce n’est plus qu’une âme perdue dans un nirvana sans rêves : rien ne reste d’ici-bas que la douceur de l’accueil. Il faut que je fasse mes excuses aux Japonais de les avoir accusés de voir petit : ils ont créé au contraire des bouddhas gigantesque, dont un au moins, celui de Kamakura, est absolument beau.

Les sujets qui ne sont pas empruntés à la religion bouddhique ou à la nature, mais à l’humanité, nous la montrent sous des formes pittoresques, amusantes, finement étudiées, rendues avec une fidélité scrupuleuse et des procédés étonnants de simplification. Ce ne sont guère des études d’expression — sauf les masques — plutôt de mouvement, d’attitude, de silhouettes ou de groupements décoratifs. La physionomie d’un personnage ressort de son mouvement plus que de son visage ; je crois qu’il en de même des gens vivants. Enfin l’art est toujours appliqué, tout est conçu en vue de son emploi, motivé ; on ne fait pas de tableaux sans savoir où les placer, ni de statues imprévues qui ne se logent nulle part.

Comme en tous pays, l’art a commencé par être religieux ; ce sont les nécessités du culte qui ont fait les premiers artistes, tous moines et tous chinois.