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être parce qu’elle a un sens si exquis des proportions que ce qu’elle produit est toujours sur une petite échelle. Au figuré, la grandeur manque un peu aussi : les sujets des peintures ne sont guère imposants. Les Japonais empruntent leurs motifs de décoration à la nature tout unie : ils tirent un parti merveilleux d’une branche d’arbre en fleur, d’une oie sauvage, d’un chat endormi. Mais ce ne sont en somme que des branches ou des bêtes familières. Cela va jusqu’au grand tigre sur fond d’or, mais ces tigres sont un peu bien apocalyptiques et seulement des tigres. La violence, la fureur, la puissance souveraine de la force, les passions fougueuses sont rarement représentées. En revanche la sérénité profonde et simple de certains bouddhas touche à la plus sublime perfection, tellement profonde qu’elle montre l’infini entr’ouvert et tellement simple qu’en face d’elle on ne s’explique plus les complications de l’existence ordinaire. Ceci n’est pas une invention japonaise, mais les Japonais l’ont poussée à son période dans le sens de la simplification. Comparez un bouddha gréco-hindou — qui du reste a servi de prototype au bouddha japonais — il est plus beau, dans les très bons morceaux c’est peut-être l’idéal même de la beauté au repos. Mais si le boudda néo-grec l’em-