Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’anse de sa bouilloire de fer aussi noble et élégante, ses quatre petites plantes taillées aussi symboliquement. L’homme du commun ne prend point de plaisir à la hideur voyante, pas plus qu’aux bruits discordants. Ses sens artistiques sont assez éveillés pour goûter la simplicité et l’harmonie des teintes douces. Il ne bariole pas sa maisonnette de couleurs crues, il aime la patine naturelle du bois exposé aux intempéries. Il ne fait pas ses délices quand il va à la foire d’horribles choses criardes, mais il achète pour deux liards des petites inutilités adorables de fantaisie et d’ingéniosité. Les bébés japonais s’amusent avec des bêtises exquises ; vraiment en dehors des horreurs que nous importons ou qui suivent l’envahissement de notre influence, il n’y a rien au Japon qui ne soit artistique et heureusement venu.

Ce peuple artiste dans l’âme, qui connaît et aime le beau, ne paraît pas avoir le goût du sublime, du grandiose, ni des fortes émotions. Je n’ai rien vu au Japon de majestueux comme un temple grec, de hardi comme un clocher gothique, encore moins de colossal comme un temple égyptien ou hindou. On s’incline devant certains legs de peuples anciens en disant : ces hommes étaient des géants. Au Japon, on voit de suite que la race est petite. C’est peut--