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son journal ? Il faut connaître au moins deux mille caractères, plus les deux alphabets avec leur variantes : tous les Japonais apprennent cela, et ceux qui ont une éducation supérieure possèdent de 10 000 à 20 000 caractères chinois… plus toute notre culture occidentale. Peut-être commence-t-on à s’expliquer un peu de lenteur dans l’expression.

Il n’y a pas de souci d’orthographe proprement dit en japonais, quoiqu’il faille quelques instants de réflexion pour se remémorer les nombreux traits de certains caractères ; puis beaucoup d’entre eux ont le même son, il faut savoir lequel employer selon les circonstances. Certains caractères ne pourraient entrer dans les noms nobles, d’autres sont trop nobles pour servir à la canaille. Les kana et le hiragana sont syllabiques et permettent les fautes d’orthographe, mais cela n’a aucune importance, ce n’est pas un critérium d’éducation ; on peut en laisser dans une lettre sans se déshonorer, et les édits impériaux même n’en manquent pas.

Si l’écriture japonaise est un peu baroque avec ses trois systèmes mêlés elle est parfaitement belle et c’est un art. Un petit enfant qui apprend dès six ans à tracer les coups de pinceau hardis et purs des caractères et des kana qui sont des fragments de caractères,