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ou de leçon morale à la cantonade. Et l’imagination a les ailes un peu coupées quand elle ne trouve pour s’exprimer ni termes abstraits, ni figures de rhétorique. Elle se rattrape sur les symboles et les suggestions. Les Japonais se servent du chinois comme nous du grec pour former les noms des choses nouvelles, de sorte que l’adoption même de la civilisation occidentale les rend plus étroitement tributaires de la Chine, au point de vue linguistique tout au moins.

Enfin ce n’est pas tout de parler, il faut écrire, et les complications signalées jusqu’ici ne sont que jeux d’enfants au prix de celles qui hérissent la langue littéraire. On n’écrit pas comme on parle ; autre grammaire, autre vocabulaire, c’est une langue à part, qui a été fixée entre le viiie et le ixe siècle. Cette langue littéraire sert à écrire les livres, les vers, les journaux, même les avis et les annonces, mais non les lettres ; il y a pour celles-ci une langue épistolaire qui est à peu près l’ancienne langue des femmes. Tout Japonais bien élevé doit savoir employer correctement les trois langues parlée, littéraire et épistolaire, et les femmes conservent certaines nuances particulières.

Les Occidentaux habitués à un alphabet de 26