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soleil, sortir. Qui sort ? Ce peut être moi, un autre, un chat, tout un pensionnat, il n’importe, devinez. Divers indices de ce genre me donnent à penser que les Japonais devinent beaucoup, c’est peut-être pourquoi ils nous paraissent lents à comprendre, à parler, à écrire, à compter, à lire, à tout. Il faut tourner pas mal une phrase dans sa tête pour discerner à quoi elle s’applique et, pour d’autres raisons que j’expliquerai à propos de l’écriture, bien examiner un texte pour être sûr ou à peu près de ce qu’il renferme. Nous avons déjà vu qu’il faut sans cesse deviner le sens d’innombrables symboles. Il faut évidemment beaucoup de sagacité aux Japonais pour comprendre ce qu’ils entendent, ce qu’ils lisent et ce qu’ils voient, cela contribue à leur donner l’air réservé.

Le vocabulaire ne renferme presque pas de mots abstraits, et le peu qu’il en offre est extrêmement vague de sens. Près d’une moitié des mots appartient au chinois et c’est la partie relevée de la langue. Il n’y a pas de termes pour jurer, point d’épithètes malsonnantes, peu d’injures, et hors la lie du peuple on n’oserait s’en servir. Il y a pour certaines choses des noms différents dont on use selon son rang et selon celui de la personne à qui on parle. Et comble du paradoxe, dans cette langue où on ne se sert pas de