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homme à qui ces notions élémentaires de genre et de nombre appliquées à chaque mot sont totalement étrangères, qui pense au neutre en quantités indéterminées et d’une manière impersonnelle ? En revanche qui pense respectueusement, avec des formes honorifiques quand il y a lieu, toujours proportionnées à la qualité du sujet. Si la langue n’est ni imagée, ni quantitative, elle est au plus haut degré qualificative ; on ne se sert pas des mêmes mots pour des gens de situations différentes, il y a jusqu’à des nombres différents pour compter les gens et les bêtes, il y avait autrefois une langue des hommes et une langue des femmes, il y a toujours des mots que l’empereur est seul à employer. Essayez de parler sans dire ni vous, ni tu, ni moi, ni eux, de donner un ordre sans exprimer ni à qui vous le donnez, ni si c’est de vous-même ou d’autrui qu’il s’agit, seulement d’être extrêmement poli. De demander quelque chose sans dire avez-vous de, ni donnez-moi, ni je désire, ni je ne veux pas, mais y a-t-il ou cela ne va pas. Éprouvez-vous le besoin de vous plaindre de votre santé, vous ne direz pas : je ne me sens pas bien, mais : état de (qui ?) mauvais. S’il vous faut sortir, ne dites pas : je désire une voiture, mais : voiture nécessaire, n’ajoutez pas : quelque temps qu’il fasse, je sortirai, mais : pluie ou