Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quoi qu’il en soit, Iyéyasu déclara le christianisme dangereux, ses successeurs achevèrent son œuvre d’extinction, et jusqu’en 1857 le Japon resta isolé du reste du monde, bien lui-même et probablement parfaitement heureux.

Il ne faudrait peut-être pas dire cela aux Japonais modernes, fils de ceux qui ont rouvert le pays aux influences étrangères et qui attendent la grandeur présente et future de leur patrie de l’adoption des coutumes européennes. Le Japon ne s’est d’ailleurs pas rouvert de son plein gré : il n’a cédé qu’à la force. Et peut-être ce revirement complet en apparence de la politique des grands shoguns, est-il en réalité la continuation des mêmes principes par des moyens différents : la lutte pour l’indépendance, pour le Japon aux Japonais, pour la conservation de l’intégrité nationale. Peut-être, la porte ne pouvant plus rester fermée, fallait-il s’armer jusqu’aux dents pour défendre le seuil sacré du pays des dieux et fallait-il emprunter aux envahisseurs possibles leurs armes mêmes pour les tenir à distance. Si l’on prête au Nippon la volonté passionnée et persistante de se conserver intact, il faut avouer qu’il a bien réussi. Quel autre pays peut se vanter d’avoir conservé sa dynastie impériale depuis ses origines et de n’avoir jamais connu l’enva-